Les deux ponts sur la Bèze, en plein cœur du bourg et à proximité de l'église paroissiale,
font partie de la route menant à Fontaine-Française.
Avant leur réalisation au XVIIIème siècle, les anciens ponts qu'ils ont remplacés, laissés en place pendant les travaux, se trouvaient immédiatement en amont. La rue allait alors en ligne droite de l'église à la place centrale, alors qu'elle décrit maintenant une courbe et cette courbe porte le nom de « rue des Deux-Ponts ». De suite en aval de la voie d'eau principale se trouvaient une huilerie et un foulon d'étoffe actionnés par le trop plein du bief du moulin banal immédiatement en amont. Pour la réalisation des nouveaux ponts, l'huilerie et le foulon ont été démolis.
C'est le 20 décembre 1756 que les États de Bourgogne décrètent la création d'une route allant de Dijon à Gray, en passant par Bèze et Fontaine-Française.
Dix ans plus tard, les travaux sont en cours dans la traversée du village. Pour empierrer la chaussée, les ingénieurs trouvent plus simple de prendre les matériaux sur place, au plus près. C'est ainsi que les vieilles murailles croulantes du bourg, ne servant plus à rien, ne sont pas respectées mais entièrement détruites sur le parcours de la nouvelle voie. Après les travaux, seuls quelques vestiges demeurent près de la porte Saint- Prudent et de la porte Notre-Dame. Le grand chemin, élargi pour en faire une route, la porte du Mont et celle de Bessey disparaissent sans laisser de traces. Pour les même raisons d'élargissement, un arrêté du Conseil du Roi des 23 mai et 27 août 1768 contraint le monastère à réduire le chevet de l'église paroissiale. L'église était alors en cours de reconstruction après son incendie de 1636, lors du passage des troupes de Gallas (guerre de Trente ans), et son interdiction au culte en 1698 pour insécurité.
Les nouveaux ponts sont construits en 1770. Celui situé à l'Est, qui comporte deux arches, sur le véritable cours de la rivière, est aux frais de la province de Champagne dont dépend Bèze. L'autre, lui faisant suite à l'ouest, n'ayant qu'une seule arche, est à la charge de l'abbaye car il franchit un bras de la rivière qui actionne la roue à aubes du moulin banal lui appartenant. Sur la clé de voûte de celui-ci, les moines barons de Bèze font mettre leurs armes : clé de saint Pierre et glaive de saint Paul en sautoir, face au moulin. De ce côté-là, un escalier de puisage est réalisé.
Ces armes sont toujours visibles, quoique un peu effacées et mutilées par le temps et de maladroites réparations.
De part et d'autre des deux ponts, un escalier permet l'accès des lavandières à l'îlot central bordé de pierre à laver et ombragé d'un magnifique platane.
Deux siècles et demi plus tard, les « Deux-Ponts » sont toujours là ! Robustes, ils continuent de défier le temps, sollicités par une circulation intense marquée d'engins et de véhicules de plus en plus lourds...